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Césaire en intensité

A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

Jacques Martial

À l’Épée de bois, Jacques Martial transmet la puissance et toute la force de frappe de Cahier d’un retour au pays natal, d’Aimé Césaire.

Ce n’est pas la première fois que Cahier d’un retour au pays natal est adapté au théâtre. Pas la première fois, non plus, que le comédien et metteur en scène Jacques Martial se saisit de ce texte : créé par ce dernier en 2005, repris régulièrement au fil des saisons, joué dans le monde entier, le spectacle est présenté pour la première fois à Paris. Et c’est dire, à (re)découvrir cette œuvre en vers libre du poète, dramaturge, essayiste et homme politique Aimé Césaire combien son propos résonne aujourd’hui. Comme l’écrit Jacques Martial dans sa note d’intention du spectacle, « alors que de nombreux citoyens dans le monde scandent Black Lives Matter, la situation ne semble pourtant pas avoir tant bougé sur le fond. »

Car dans ce texte écrit en 1939, alors qu’Aimé Césaire (né en 1913 dans le Nord de la Martinique) a vingt-six ans, il se dit dans une intrication subtile entre poésie et politique la violence de la domination subie par les peuples colonisés, le racisme omniprésent. Dans ce poème qui pose les bases de la négritude et qui se fonde sur un départ (de la métropole) pour amorcer un retour (vers le pays natal), Césaire déplie toutes les injustices et iniquités vécues par lui mais aussi, par-delà son histoire, tous les opprimés. Ce geste, Aimé Césaire le sculpte en dynamitant la syntaxe classique, en inventant un verbe propre au cœur d’une langue parfaitement maîtrisée.

Ce cri de révolte à la parole proliférante, luxuriante, l’adaptation de Jacques Martial en donne à voir la richesse. Sur une scène jonchée de quelques détritus et avec en fond une bâche traversée de tâches et d’éclats de diverses couleurs, un homme entre. Vêtu de vêtements informes tel un pauvre erre, portant des gros sacs (des sacs Tatis ici stylisés dans leurs motifs), il investit progressivement le plateau. Transmettant avec précision et intensité le texte de Césaire, le comédien traverse tous les mouvements du texte, de l’évocation de l’enfance de Césaire, marquée par la misère, à celle de la traite des populations noires ; des clichés qui leur sont accolés ainsi qu’aux Antilles, à la résignation des peuples colonisés. Tirant des sacs des vêtements – sortes de réminiscence par leurs motifs du pays natal – Jacques Martial les manipule, les endosse, ces tissus devenant des appuis et des illustrations de son discours.

Joué dans la salle de bois du théâtre de l’Épée de bois, le texte révèle singulièrement ici sa force et sa complexité. Si cela a à voir avec la mise en scène, qui prolonge par sa scénographie et ses accessoires l’exercice de création d’une identité neuve inhérente à la démarche d’écriture de Césaire, le lieu si particulier participe de ce mouvement. La création lumières aux couleurs chaudes, épousant les diverses pulsations et temps du poème, participe de l’inscription de ce dispositif dans cet espace aux boiseries ouvragées. Si l’ensemble aurait pu aller vers encore plus de dépouillement, vers une plus grande simplicité dans le jeu du comédien tant cette langue métaphorique se suffit à elle-même et déjoue toutes les nécessités d’illustration, ce spectacle porte avec une intensité rare la parole du poète. Avec une énergie puissante et un bel engagement, Jacques Martial en fait résonner toutes les séquences et, plus que jamais, nous rappelle la nécessité de travailler à la décolonisation politique et culturelle.

Caroline Châtelet – www.sceneweb.fr

Cahier d’un retour au pays natal
de Aimé Césaire

Mise en scène
Jacques Martial

Avec
Jacques Martial

Régisseur
Jean-Marc Feniou

Scénographie
Pierre Attrait

Création lumière
Jean-Claude Myrtil

En coproduction avec L’ARTCHIPEL Scène Nationale de la Guadeloupe et le Festival Ten Days on the Island, Hobart, Australie

Durée : 1h15

Epée de Bois
29 septembre au 16 octobre 2022
du jeudi au samedi à 19h. samedi et dimanche à 14h30

9 mai 2022/par Caroline Chatelet
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