L’ancien danseur Etoile de l’Opéra de Paris Laurent Hilaire a annoncé ce week-end qu’il quittait ses fonctions de directeur de la troupe de ballet du Théâtre Stanislavski à Moscou. Avant de quitter la capitale russe, et de faire ses adieux à son ballet, il a pris le temps de nous expliquer sa position.
Vous quittez la direction du ballet que vous dirigiez désormais depuis cinq ans. Cette décision a-t-elle été difficile à prendre ?
Oui, c’est une décision difficile à prendre parce que depuis cinq ans, j’ai construit une relation avec cette compagnie. On a construit un répertoire, une relation avec le public, une relation de confiance, de respect mutuel. Les danseuses et danseurs de la la compagnie m’ont fait confiance. Je leur ai fait confiance, donc on a vraiment construit quelque chose. C’était une décision difficile à prendre, mais elle s’est imposée par la force des choses.
Il était impossible pour vous de rester aujourd’hui à Moscou ?
Ce n’était pas possible au vu de la situation, comment ne pas être concerné par ce qui se passe actuellement. Tout devient aujourd’hui politique. La politique rattrape la sphère artistique. Cette décision n’a pas été longue à prendre mais elle a été difficile humainement. Elle s’est imposée logiquement par rapport à ce que je crois, par rapport à mes valeurs.
Quel est l’état d’esprit de votre ballet aujourd’hui ?
Ils sont tristes. Ils se sentent incertains pour leur avenir. Ils s’interrogent beaucoup par rapport à ce qui va se passer. Que va t il se passer en Russie avec la fermeture des frontières ? On a travaillé avec beaucoup de chorégraphes étrangers et je pense que vue la situation, tous les projets que j’avais mis en place à venir sur la fin de cette saison, sur l’année prochaine et dans deux ans vont s’arrêter. Donc, il y a une grande inquiétude par rapport à leur avenir. Je pense qu’ils ont été aussi très affectés par mon départ. Je vous avoue que la réunion que j’ai eue avec le ballet quand je leur ai annoncé que je partais, n’était pas gaie et j’étais aussi extrêmement touché par leurs témoignages.
Est ce que le ballet vous comprend ?
De ce que j’ai perçu majoritairement, oui. La sphère artistique, n’a certes rien à voir avec la sphère politique mais inévitablement les choses sont intrinsèquement mêlées. Si je restais, c’était un acte politique. Si je pars, c’est un acte politique. Ma position devait s’éclaircir et j’ai pris cette décision par rapport à mes valeurs. Je suis contre cette guerre.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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