Balisée par de bons sentiments, L’Hirondelle ( La golondrina) du barcelonais Guillem Clua arrive en France avec Carment Maura qui l’avait créée dans sa version espagnole. Elle est accompagnée par Grégori Baquet. Une pièce sur la résilience sublimée par le talent de deux immenses comédiens.
Le résumé de cette pièce s’écrit avec prudence, il serait dommage de divulgacher le nœud de l’intrigue : nous resterons volontairement elliptiques. L’histoire se déroule autour d’un piano, au beau milieu d’un salon bourgeois. Un homme est auditionné par une célèbre professeure de musique. À l’issue de l’examen, celle-ci doit déterminer si elle l’acceptera comme élève. Elle l’écoute, grimace et s’impatiente : de toute évidence, cet individu ne sera jamais chanteur, même avec la meilleure volonté du monde. Elle le lui signifie, il insiste. Elle est catégorique, il la prend par les sentiments. Elle cédera. Mais alors qu’il se retrouve seul dans le salon, il se met à fouiller dans la bibliothèque, s’empare d’un livre et le glisse dans son sac. On le devine : cet homme n’est pas là uniquement pour un cours de chant. Il s’est déjà rendu dans ce salon, il connaît cette professeure, il lui en veut et va la confronter. Sans dévoiler la suite, précisons qu’il sera question d’amour, de révélations, de deuil, de culpabilité, et, enfin, de résilience.
Écrite par le Barcelonais Guillem Clua, cette pièce est véritable tube en Espagne. Elle pourrait le devenir en France. Il faut lui reconnaître une efficacité dramatique redoutable, une finesse dans la composition des personnages et une justesse des émotions dépeintes ; beaucoup est dit en une heure vingt. Il lui manque tout de même un brin de folie, de bizarrerie ou de singularité pour séduire totalement. Malgré une grande révélation au milieu du spectacle, son issue est un brin balisée par de bons sentiments qui rendent son dénouement prévisible. L’affaire, surtout, vaut pour le jeu de ses comédiens, admirablement dirigés par Anne Bouvier. La metteure en scène opte pour une partition douce et nuancée qui sied au duo et compense les faiblesses du texte. Carmen Maura, icône almodovarienne des années 80, est d’une élégance impériale. Elle remonte sur les planches après 27 ans d’absence, imposant son charisme et son mystère. Grégori Baquet, récemment acclamé dans Adieu Monsieur Haffman, désarme par sa délicatesse et son ingénuité. Difficile de ne pas être séduit par son charme enfantin, mais aussi l’expression de son courage et de sa détermination. Des gradins, cette Hirondelle est pour eux une promenade de santé. Qu’il serait beau de les voir s’emparer d’un texte un peu plus ardu.
Igor Hansen-Love – Sceneweb.fr
L’hirondelle
Texte Guillem Clua
Mise en scène Anne Bouvier
Avec Carmen Maura et Grégori Baquet
Assistante à la mise en scène Émilie Chevrillon
Décors Jean-Michel Adam
Lumières Denis Korsansky
Une coproduction Théâtre Hébertot – Francis Lombrail/Pascal Héritier – Artémis Diffusion/Miguel Cuerdo y Lazona Teatro
Durée : 1 h 25
Théâtre Hébertot
Du 11 janvier au 20 mars 2022
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !