La 5e édition festival Move qui se déroule du 8 – 24 octobre 2021 au Centre Pompidou explore la thématique de l’intime et de son exposition.
Lancé en 2017, Move s’inscrit à l’intersection de la danse, de la performance et de l’image en mouvement, pour imaginer un espace et un temps de réflexion articulant les corporéités contemporaines et les questions de société. Le médium de la performance est envisagé au travers de ses modes d’exposition, de production et de présentation dans la perspective d’en révéler les enjeux et les effets.
À la fin des années 1960, partant du principe que le personnel est politique, les artistes femmes ont fait entrer leur propre intimité dans leur travail, notamment par les médiums vidéo et photographique : leur intérieur domestique, leur corps, leurs relations amoureuses, leurs sexualités sont ainsi devenus les sujets de leur œuvre. Au sein de la société patriarcale, l’intimité était dévalorisée, reléguée à des pratiques privées, puisque considérée aux antipodes de sujets universels et fondamentaux. Les théories féministes envisageaient alors la révélation de l’expérience quotidienne des femmes comme un moyen de mettre au jour les mécanismes de domination et de développer une forme de conscience collective. À cet égard, l’intime engage une pensée du minoritaire.
Temps fort de l’édition 2021, le duo d’artistes Pauline Boudry et Renate Lorenz proposent leur projet « Moving Backwards », présenté au Pavillon suisse de la Biennale de Venise en 2019. Le film a été développé à partir d’une réflexion sur les régressions occasionnées par la situation politique des dernières années. Elles ont par ailleurs imaginé une chorégraphie de « mouvement vers l’arrière » comme outil de résistance et d’action. Développant leur travail au sein d’une communauté queer, les artistes travaillent souvent avec les mêmes personnes, tissant ainsi des liens d’intimité et d’échange qui infusent et s’exposent au sein de leurs œuvres, comme ici, où le duo a invité quatre des performeurs du film – Julie Cunningham, Werner Hirsch, Latifa Laâbissi et Nach – pour des cartes blanches en écho à l’exposition.
Dans son installation, l’artiste belge Marijke de Roover explore, par le biais de ses propres expériences intimes, le concept de « limerence » – soit le fait de tomber amoureux d’une personne et de cristalliser un sentiment romantique irrépressible et non partagé. Elle reprend les éléments de décor très genrés d’une « chambre de fille » détournée avec un papier peint de mèmes queer, exposant ainsi avec humour les affres des relations amoureuses et déconstruisant les structures hétéronormatives dominantes.
Le film du duo d’artistes Hannah Quinlan et Rosie Hastings porte un regard critique sur les espaces de socialisation masculins gays, dans lesquels la pratique du sexe public s’affirme comme un nœud de pouvoir et de construction d’un monde disponible seulement pour les hommes – posant ainsi la question de qui peut se saisir librement de cet espace public.
Dans la danse, art du contact physique par excellence, le toucher, les corps emmêlés donnent aujourd’hui un sentiment d’incongruité, d’étrangeté et d’une beauté frappante. Le cycle Vidéodanse présente ainsi des duos intimes comme celui d’Odile Duboc, dansé par Boris Charmatz et Emmanuelle Huynh jouant sur une lenteur exacerbée des gestes. La force et la sensualité du collectif formé par les danseurs de Pina Bausch ou de Crystal Pite célèbrent une féroce vitalité. Un ensemble de performances en salle, dont celles de Pauline L. Boulba, Rory Pilgrim, Ndayé Kouagou et Christelle Oyiri, complète le programme.
Move
La ressource de l’intime
Festival I Danse I Performance I Film I Vidéo
8 – 24 octobre 2021 | 5e édition
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