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Morphine, une réjouissante boucherie

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre
Lionel Moogin

photo Lionel Moogin

A grand renfort d’hémoglobine et de fluides colorés, Mariana Lézin suit la destinée contrariée d’un médecin morphinomane en signant une adaptation théâtrale aussi loufoque qu’effrayante de deux courts textes de Boulgakov. Après un passage remarqué dans le Off à Avignon, le spectacle se donne au Théâtre de Belleville à Paris.

Blanc. Tout est d’un blanc clinique, chirurgical, dans le décor qui s’apparente d’abord à une salle d’opération. Blanc comme le blizzard pénétrant et le froid blafard qui s’abattent sur le coin de campagne paumé et inhospitalier dans lequel un jeune médecin balbutiant est affecté pour exercer son premier poste. Blanc comme la page du journal où se consigne et se conjure sa fulgurante dégradation. A la faveur d’un basculement radical, le décor s’effondre pour devenir noir opaque comme le spleen et la bile du protagoniste morphinomane dont on suit la fulgurante descente aux enfers. Ce que raconte l’auteur soviétique, dont la somme romanesque Le maître et Marguerite est souvent portée au théâtre, c’est la chute vertigineuse d’un homme, un anti-héros par excellence, liée à son addiction pour la morphine, un remède insidieusement stimulant mais vite dévastateur contre l’angoisse et la solitude qui lui pèsent.

La mise en scène proposée par Mariana Lézin égale simplicité et étonnement permanent. Elle fait se combiner deux textes de Boulgakov à la fois fictionnels et autobiographiques, Morphine et Récits d’un jeune médecin, et rend compte de toute la gravité du propos sans en écarter la légèreté. Les deux tonalités coexistent bel et bien dans une forme et un jeu volontairement très contrastés. Sans excès de finesse, elle amuse par exemple en mettant en scène d’une manière spectaculaire les pratiques douteuses et malhabiles du jeune médecin en proie aux doutes alors même qu’il se livre à des opérations et des amputations extrêmes, et ce en laissant s’échapper des geysers de faux sang rouge vif ou bien d’un pue jaune ocre.  La pièce joue de cette alliance constante entre la farce loufoque et la tragédie existentielle, si bien qu’elle donne l’impression de rapprocher Boulgakov du théâtre de l’absurde, en le plaçant sous le signe de la vanité de la condition humaine.

Deux comédiens tout à fait convaincants, Paul Tilmont et Brice Cousin, endossent le rôle qui se voit dédoubler et se complètent dans la mesure où l’un affiche avec faconde une dimension ogresque, clownesque tandis que l’autre (son double, sa conscience ?) plus frêle et livide emporte jusqu’au délire dans la diminution physique et psychique du personnage et dans la mise à nu de sa déchéance. Éloquente transcription scénique des sensations corporelles diffuses comme des effets mentaux ravageurs de la dépendance, la pièce Morphine fait véritablement plonger son public dans l’obscurité d’une âme maladive.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Morphine
D’après Morphine et Récits d’un jeune médecin de Mikaïl Boulgakov
Adaptation Adèle Chaniolleau et Mariana Lézin

Mise en scène Mariana Lézin
Dramaturgie Adèle Chaniolleau
Avec Paul Tilmont et Brice Cousin
Scénographie et construction des décors Emmanuelle Debeusscher
Lumières Nicolas Natarianni
Création vidéo Guillaume Dufnerr
Musiques et sons Stephan Villieres
Costumes Patrick Cavalié et Ève Meunier
Administration Bernard Lézin et Nina Torro
Production et diffusion Mélanie Lézin

Production Troupuscule Théâtre.

Avec l’aide à la création de la DRAC et de la Région Occitanie / Pyrénées – Méditerranée, du Département des Pyrénées-Orientales, de la Spedidam.

Coproduction L’Archipel, scène nationale de Perpignan (66), Théâtre Molière – Sète, scène nationale Archipel de Thau (34), Théâtre de Belleville à Paris, Ville de Cabestany (66), Lycée Agricole Federico Garcia Lorca à Théza (66).

Soutiens Occitanie en scène, Théâtre des Possibles à Perpignan (66), La Casa Musicale à Perpignan (66).

Tous nos remerciements pour son aide précieuse au Docteur Denis Rambour, psychiatre addictologue, chef de service addictologie, Centre Hospitalier de Thuir (66).

Durée : 1h10

Théâtre de Belleville
Du 06/10 > 30/12/21
– Mer. : 19h
– Jeu. : 19h
– Ven. : 19h
– Sam. : 19h
– Dim. : 15h
relâches les 24 & 25 déc

11 février 2022 à 20h30
Centre culturel Jean Ferrat, Cabestany (66)

Sam. 12 février 2022
Centre culturel Léo Malet, Mireval, Théâtre Molière – Sète, scène nationale Archipel de Thau (34)

8 octobre 2021/par Christophe Candoni
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