Le théâtre d’Arles labellisé scène conventionnée d’intérêt national devient un théâtre municipal. Le Conseil Municipal présidé par son maire, Patrick de Carolis, l’a décidé à l’issue d’une procédure d’appel d’offre qu’il a estimé être infructueuse. Le SYNDEAC dénonce le contrôle politique de l’ancien journaliste.
Le théâtre d’Arles était géré par une association, dont la concession arrivait à échéance. Fin 2020, la ville a lancé un appel d’offre et a reçu six dossiers de candidatures, dont deux ont été retenus. Le premier a été jugé irrégulier, le second déposé par l’association du théâtre n’a pas convaincu l’équipe municipale. « L’offre était trop restreinte» a expliqué lors du Conseil Municipal extraordinaire, Sylvie Petetin, la 10e adjointe. « Le projet ne peut plus concerner que 3% de la population, il faut que les 97% restant reviennent au théâtre ». C’est donc directement la programmation de la scène conventionnée dirigée par Valérie Deulin qui est visée.
« Monsieur de Carolis affiche clairement un projet aux relents populistes » explique le SYNDEAC dans un communiqué. « Il ne suffit pas d’avoir été Président Directeur Général de France télévision, entre 2005 et 2010, pour être un ami des arts et de la culture. » Le Syndeac se dit « très attentif au devenir du théâtre d’Arles et dénonce une procédure mal ficelée et des intentions politiques inavouées. (..) Patrick de Carolis a décidé de passer le théâtre en régie directe, de proposer l’intégration un rien forcé des personnels à la fonction publique territoriale et ce faisant, de « municipaliser » cette scène pourtant conventionnée d’intérêt national, faisant fi de l’appellation ministérielle qui s’accompagne d’une convention spécifique et d’un financement à hauteur de 160 000 €. »
Le Syndeac entend « rappeler que l’appellation de « scène conventionnée d’intérêt national » et du financement d’État qui va avec, est liée à la personne de la directrice et à son projet artistique et culturel dédié aux écritures contemporaines. Il ne suffira pas au maire de déclarer son intention de poursuivre « les écritures contemporaines », tout en élargissant la programmation à des dimensions « populaires », pour proroger automatiquement ladite convention. Par ailleurs, faire plus avec moins, tel que le sous-entend le maire, est une équation irréaliste et démagogique, l’échec de l’appel d’offre le signifiant explicitement. »
Le syndicat en appelle à la ministre de la Culture « pour qu’elle signifie le cadre juridique dans lequel les choses s’organisent et qu’elle prenne la seule décision qui s’impose, le retrait de l’appellation « scène conventionnée d’intérêt national ». L’affirmation effarante que la programmation sera confiée à « un comité de professionnels » porte d’évidence les germes d’un contrôle politique, en complète opposition à la loi LCAP qui protège les artistes et les directions des visées politiciennes de leurs élus. Faut-il rappeler qu’une politique publique de la culture n’a pas pour but de plaire aux goûts personnels de tel ou tel édile, mais de répondre à des exigences d’accessibilité, de soutien aux formes de la création, et d’actions majeures de sensibilisation et d’éducation artistique et culturelle. L’annonce par le maire d’une augmentation des tarifs ne permettra pas au théâtre de s’adresser à « tous les arlésiens », comme ne cesse de le répéter Monsieur de Carolis. »
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