Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Gaby, alors Brunella, sa « m’man » a mis les petits plats dans les grands, et les spectateurs sont invités pour l’occasion à boire un verre de martini et manger un morceau de cake au coco. Trente ans, célibataire et au chômage, Gaby vit toujours au domicile familial ; le père, lui, est parti depuis longtemps courir les jupons, abandonnant femme et enfant ; Brunella, elle, ressasse le passé pour mieux l’oublier et lutte contre la crise mondiale en troquant des cotons-tiges pour des navets. Ainsi cohabitent la mère et le fils qui, au fil des années, se racontent, se provoquent et finiront par s’avouer de terribles secrets…
La force du texte, dans lequel chacun pourra reconnaître les motifs de sa propre histoire, consiste à élargir le cadre du récit, de mêler à ce qui se présente comme les préparatifs d’un repas, des souvenirs, des aveux, des secrets. Il est important pour nous de pouvoir jouer pleinement du concret d’une telle représentation : recevoir le public comme on recevrait des amis, des collègues, des voisins, utiliser toutes les possibilités du lieu mis à disposition, créer de la distance en investissant plusieurs pièces de l’appartement, donner aux objets usuels une autre vie ; rendre le quotidien spectaculaire. La nourriture, par exemple, et sa préparation, auront une place importante, en ceci qu’elles permettent un partage immédiat, qu’elles imposent ce temps commun, dans lequel viendront pourtant s’insérer des scènes censées se dérouler des années plus tard. Ainsi, la séquence des vacances à la mer sera l’occasion d’une projection via la télévision, mais le film de famille deviendra un rituel aux enjeux soudain plus profonds. Par ailleurs, nous souhaitons que les images se construisent à vue, que les artifices du spectacle, tel que le vieillissement des comédiens, soit pleinement avoué, pour permettre au public d’entrer dans la fable, et d’y entrer tous ensemble. Ainsi, faire naître le spectaculaire là où on ne l’attend pas, avec pour seul matériau l’amour d’une mère pour un fils, d’un fils pour une mère. Ce projet revêt donc pour nous et pour de multiples raisons, une importance toute particulière, en nous demandant de travailler autrement, de trouver le bon équilibre de la représentation, les bonnes places pour cette mère et ce fils, qui vont donner à voir aux invités leurs travers, leurs défauts, et en faire des raisons supplémentaires pour s’aimer. Note d’intention de Betty Heurtebise
M’man de Fabrice Melquiot
Théâtre chez l’habitant
Avec Betty Heurtebise et Alexandre Cardin
Regard extérieur Miren Lassus Olasagasti
Scénographie, costumes Cécile Léna
Production TnBA et La Petite Fabrique
l’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté
du 4 au 16 avril 2011 > 20h
(relâches 10 et 11 avril)
Pour vous inscrire à l’une des représentations en appartement
Service des relations avec le public
Aurélie Armellini / 05 56 33 36 62 / a.armellini@tnba.org
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