Depuis jeudi après-midi, une cinquantaine de militants occupent le Théâtre de l’Odéon. Emmenés par la CGT-Spectacle, ils réclament notamment le retrait de l’assurance-chômage, la prolongation de l’année blanche et un accompagnement financier pour sécuriser la reprise des activités culturelles. Ils ont déjà obtenu l’organisation d’un Conseil National des Professionnels du Spectacle le 22 mars prochain et ne veulent pas s’arrêter là.
Comme tant d’autres, le monde de la culture a ses symboles, ses totems. L’occupation du Théâtre de l’Odéon en fait partie. Lorsqu’une crise survient, elle est devenue, pour les professionnels du spectacle, l’une des meilleures façons de se faire entendre, d’entrer en résistance. En 1968, en 1992, en 2016, déjà, des militants avaient investi les lieux pour participer aux événements de mai ou lutter contre des projets de réforme de l’intermittence. 2021 s’inscrit désormais dans cette droite lignée. Depuis le jeudi 4 mars, une cinquantaine de militants, emmenés par la CGT-Spectacle, occupent jour et nuit le théâtre et des banderoles – « Culture sacrifiée », « Gouvernement disqualifié »… – ont fleuri sur le fronton.
Issus des rangs des manifestants réunis, le même jour, place de la République, pour réclamer une réouverture des institutions culturelles, ce collectif a pénétré « pacifiquement » dans les lieux en milieu d’après-midi alors que Christophe Honoré y répétait Le Ciel de Nantes, sa prochaine création. « Tout s’est très bien passé, même si l’équipe artistique était inquiète, dans un premier temps, de ne pas pouvoir terminer les répétitions, mais nous les avons laissés finir leur travail dans la grande salle jusqu’à vendredi soir, comme prévu, précise le secrétaire général de la CGT-Spectacle, Denis Gravouil. Si nous avons choisi ce lieu, c’est, au-delà du symbole et avant tout, car il s’agit d’un théâtre public et national, sous la responsabilité directe du ministère de la Culture à qui nous nous adressons. »
#OdeonOccupe
Avec l’équipe de Roselyne Bachelot, la communication est désormais établie. A l’en croire, le collectif, soutenu sur les réseaux sociaux à travers le mot-dièse #OdeonOccupe, aurait déjà obtenu l’organisation d’un Conseil National des Professionnels du Spectacle (CNPS) le 22 mars prochain auprès du cabinet de la ministre, tandis que Matignon fait, pour l’instant, la sourde oreille. « Grâce à cette action, le ministère a plus bougé en quelques heures qu’en plusieurs mois, se félicite Denis Gravouil. Comme nous obtenons des choses, il faut désormais pousser et ne pas s’arrêter en si bon chemin. C’est pour cela que l’assemblée générale de vendredi après-midi a décidé de poursuivre l’occupation. »
D’autant que la liste des revendications est, pour le moment, loin d’être satisfaite : retrait pur et simple de la réforme de l’assurance-chômage, prolongation de l’année blanche – sur laquelle travaille actuellement la mission Gauron – et élargissement à tous les travailleurs précaires, plan massif de soutien à l’emploi du secteur culturel, garantie des droits sociaux « dont les caisses sont menacées par l’arrêt des cotisations », baisse du seuil d’heures minimum d’accès à l’indemnisation chômage pour les primo entrants et les intermittents en rupture de droits… « En plus de la réouverture, nous voulons une meilleure sécurisation de la reprise, car, si elle se fait a minima, elle risque de laisser de nombreux professionnels sur le carreau, craint le secrétaire général de la CGT-Spectacle. Cette inquiétude a été confirmée lors notre discussion avec Stéphane Braunschweig [le directeur du Théâtre de l’Odéon, NDLR] qui est venu à notre rencontre vendredi après-midi pour expliquer la situation dans laquelle se trouve le théâtre, exprimer la souffrance des équipes artistiques à ne pas jouer et s’inquiéter de l’embouteillage à venir lors des prochaines saisons. » Une assemblée générale organisée chaque jour à 14h décidera des suites à donner à ce mouvement.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
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