« Le bain » et « L’apprentissage » sont deux textes courts de Jean-Luc Largarce écrits en 1993 deux ans avant sa mort, des récits très autobiographiques. Daniela Labbé Cabrera a choisi de les interpréter à la suite en utilisant un mélange bien dosé de jeu et de vidéo.
Dans « Le bain » – l’histoire de deux amants, dont l’un d’eux va mourir du Sida, elle joue avec beaucoup de sensibilité, d’une voix posée et mature. « On prend un long bain, lui, posé sur moi comme un enfant malade, son corps superbe en train de se défaire. On dort enlacés. C’était comme le bonheur le plus grand, aujourd’hui, le souvenir que je garde, c’était comme le bonheur le plus grand d’être si paisibles et le désespoir encore de savoir qu’on se quitte. » (Editions des solitaires intempestifs). Au début du spectacle Daniela Labbé Cabrera déplie un drap pour le suspendre sur une corde à linge. Ce drap, celui dans lequel les malades aiment se blottir et sentir sa douceur, sa fraicheur et sa propreté. Sur scène, des objets de tous les jours sont posés par terre : un radio réveil, une bouilloire, une petite lampe de chevet. La veste d’un costume fraichement sortie du pressing est suspendue. La veste que le malade ne mettra sans doute plus jamais. Alors dans un dernier instant d’amour les amoureux prennent un dernier bain. Daniela Labbé Cabrera se déshabille lentement et plonge une chemise blanche dans une bassine d’eau. Une scène d’une grande pureté. Dans cette aventure, Daniela Labbé Cabrera est épaulée par Cécile Coustillac. Formée à l’école du TNS, Cécile Coustillac a beaucoup joué avec Stéphane Braunschweig (elle a en outre reçu le prix de la révélation théâtrale du syndicat de la critique en 2007). De l’école Braunschweig elle a acquis la précision. Jean-Luc Lagarce aurait aimé le travail de ces deux femmes.
La deuxième partie du spectacle est une vidéo de quinze minutes d’un extrait de «l’apprentissage ». Ce texte est une commande de Roland Fichet. Le metteur en scène avait demandé à Jean-Luc Lagarce d’écrire un texte sur la naissance. C’est un écrit de renaissance qu’il livre. Il raconte le retour à la vie. Alain Macé a triomphé l’année dernière dans cette même salle aux Déchargeurs dans la mise en scène de Sylvain Maurice, directeur du Nouveau Théâtre de Besançon. Cette petite vidéo n’a pas la même force que le travail sur « Le bain » malgré la voix grave et posée de Daniela Labbé Cabrera. Le spectacle reste cependant d’une grande humanité d’un bout à l’autre. Il est touchant.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
mise en scène cécile coustillac & daniela labbé cabrera adaptation / interprétation daniela labbé cabrera compositions alexeï aigui & loïc le roux régie générale & collaboration sonore diane lapalus créateur lumières tarak ferreri décor / costumes magali murbach diptyque théâtre / vidéo
du mardi au samedi du 16 février au 27 mars 2010 20h00 / salle vicky messica Les déchargeurs 3, rue des Déchargeurs 75 001 Paris http://www.lesdechargeurs.fr/ Métro : Châtelet (ligne 1-4-7-11-14)
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