L’idée de construction de Lignes de faille est singulière et passionnante : quatre chapitres pour quatre portraits d’enfants, remontant la ligne d’un arbre généalogique, des membres d’une même famille l’année de leurs 6 ans. De fils (ou filles) en pères (ou mères), quatre enfants se racontent et nous décrivent leur entourage. Deux petits garçons et deux petites filles qui, de drame en drame, vont nous faire traverser à rebours 60 ans d’histoire familiale et mondiale. Suivant le fil d’un nævus1 qui se transmet de génération en génération, le récit nous conduit en Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, où Kristina, l’arrière grand-mère de Sol, nous délivre la clé de voûte, le lourd secret de famille : son déchirement d’enfant volée des « Lebensborn »2 nazis.
À la première lecture de ce roman, je n’ai pas pensé immédiatement à sa potentialité théâtrale. Je l’ai beaucoup aimé tout simplement. Il m’a accompagnée, faisant son chemin dans ma tête, jusqu’à cette évidence du désir de le partager, de donner chair et vie à ces personnages de papier. Adapter un roman est une tâche délicate, il faut veiller à ne rien « assécher ». Il ne s’agira pas de réduire le roman à une forme seulement dialoguée maisd’y glisser aussi du récit à la 3e personne. Plus je rêve à ce projet et plus sa richesse théâtrale me devient évidente : sa structure deremontée dans le temps, de l’époque contemporaine à la dernière guerre mondiale, son sujet « transgénérationnel » pour employer un terme à la mode ; qui peut se raconter plus simplement par « comment les blessures secrètes et intimes du passé marquent à notre insu nos existences actuelles ». À partir de ce petit garçon américain d’aujourd’hui insupportable, islamophobe et anorexique, nous traversons les générations, les instantanés de vie, comme des photos dans un album de famille pour arriver à la faille initiale. Le fil se remonte avec une inexorable et improbable cohérence (aussi improbable et inexorable que nos existences ?). Catherine Marnas
Lignes de faille
D’après le roman de Nancy Huston
Mise en scène Catherine Marnas
Création sonore Madame Miniature, Fred Garnier & Lucas Lelièvre •
Scénographie Carlos Calvo & Michel Foraison • Lumières Michel Theuil •
Costumes Dominique Fabrègue • Assistanat aux costumes Édith Traverso •
Création vidéo Olivier Reiso & Carlos Calvo • Assistanat à la mise en scène
Pauline Jambet
Avec Sarah Chaumette, Julien Duval, Pauline Jambet, Franck Manzoni, Olivier Pauls,
Catherine Pietri, Bénédicte Simon, Martine Thinières
Coproduction La passerelle-scène nationale de Gap et des Alpes du Sud, Le Théâtre des
Salins-scène nationale de Martigues, Le Théâtre National de Strasbourg, Théâtres en
Dracénie-Draguignan, La Compagnie dramatique Parnas
La Compagnie dramatique Parnas est subventionnée par la Direction Régionale des Affaires
Culturelles (Ministère de la Culture), la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil Général des Bouches du Rhône, la Ville de Marseille.
Avec le soutien du Fonds d’Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques, la DRAC et la Région
Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Du 1 au 11 décembre 2011
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