Simon Falguières nous embarque dans les rêves agités d’un poète se présentant comme un tempétueux voyage imaginaire, aussi fantasque que mélancolique, dans les déchirements intimes du monde et du moi.
Ce texte fait découvrir ou confirme déjà un goût prononcé du dramaturge pour le déploiement d’une narration et d’une parole profuses, d’un imaginaire flamboyant emprunt de mythes et de conte – ce n’est pas un hasard si devait se donner conjointement une adaptation tout à fait belle et malicieuse du Petit Poucet. Rien d’étonnant non plus à ce que Wajdi Mouawad soutienne et programme Simon Falguières au théâtre de la Colline à Paris qu’il dirige. On ne peut que relever un lien de parenté entre les deux artistes dans leur approche totale, épique, poétique, d’un théâtre au cœur duquel la fable, à la fois plaisante et édifiante, trouve une place prépondérante. L’écriture textuelle et scénique multiplie les collisions spatiales et temporelles, les tonalités contrastées, et les thématiques parmi lesquelles celles de la famille, de la perte, l’individu, l’expérience et l’errance, l’art et la création.
Moins démesuré que Le Nid des cendres, un spectacle au long cours pensé comme une tétralogie méta-théâtrale d’une durée de cinq heures, mais d’une ambition comparable, n’en demeure pas moins une pièce pleine de souffle et riche de sens. Celle-ci s’articule autour de la quête d’Ezra, un jeune garçon devenu poète soudainement privé de mots qui dans l’espace intime d’une chambre réduite et spartiate où il demeure éternellement alité après la disparition traumatique de sa mère Zicha et du désespoir que sa perte fait peser sur la famille, vagabonde grâce à la puissance de son imaginaire. L’auteur révèle un lien profondément intime, même si involontaire dit-il, avec son personnage qui dans son retrait et son sommeil fait un voyage fascinant où prennent corps un farcesque Dionysos et encore le cinéaste Ingmar Bergman comme étonnants compagnons de route.
Soutenus par une mise en scène de l’auteur qui ne manque pas d’ampleur et d’invention, John Arnold, Agnès Sourdillon, Mathilde Charbonneaux, Charlie Fabert, Pia Lagrange et Stanislas Perrin (excellent en oncle Jean, homme simple mais pas bête dont il restitue toute la complexité) forment une troupe d’acteurs qui déploie autant d’énergie folle que d’émotions tendres pour restituer un univers particulièrement riche et aventureux.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
Les Étoiles
Texte et mise en scène Simon Falguières
Avec John Arnold, Agnès Sourdillon, Mathilde Charbonneaux, Charlie Fabert, Pia Lagrange, Stanislas Perrin
Scénographie Emmanuel Clolus
Lumières Léandre Gans
Son Valentin Portron
Costumes Lucile Charvet assistée de Léa Bordin
Accessoires Alice Delarue
Assistanat à la mise en scène Edouard Eftimakis
Création film Emmanuel FalguièresLe texte est publié aux Editions Actes Sud
Production Le K
Coproduction La Colline – théâtre national, Théâtre du Nord – Centre dramatique national de Lille / Tourcoing / Hauts-de-France, Le Préau – Centre dramatique national de Vire, Le Tangram – Scène nationale Evreux Louviers, Le Trident – Scène nationale Cherbourg en Cotentin, Le CDN de Normandie-Rouen, DSN – Dieppe : Scène Nationale
Soutien de la Drac Normandie, la DGCA, la Région Normandie, le département de l’Eure, l’Odia
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre NationalCe texte bénéficie du soutien financier et de l’accompagnement d’ARTCENA dans la catégorie Littérature dramatique.
Durée : 2h15
Théâtre de la Tempête
Du 6 janvier au 5 février 2023
du mardi au samedi 20h, dimanche 16h
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