Le réalisateur et metteur en scène Kirill Serebrennikov, personnalité célébrée du milieu artistique russe, a été condamné vendredi à Moscou à une peine de prison avec sursis pour détournements de fonds dans une affaire controversée. Un procès considéré par ses partisans comme une affaire politique mettant à l’épreuve de la liberté artistique en Russie. Il avait reçu lundi le Prix du meilleur spectacle étranger de l’année pour Outside, décerné par les journalistes membres de l’Association des Critiques de Théâtre, et créé en juillet 2019 au Festival d’Avignon.
« La réhabilitation de Serebrennikov est possible sans peine réelle » de privation de liberté, a estimé la juge Olessya Mendeleïeva, qui le condamne à trois de prison avec sursis, une interdiction de diriger tout organisme culturel, une amende et trois années de mise à l’épreuve. Le parquet avait requis six ans de prison ferme contre l’artiste qui a toujours rejeté les charges retenues contre lui. A l’annonce du jugement, les centaines de ses partisans réunis devant le tribunal Mechtchanski de la capitale russe ont réagi par des applaudissements, ayant craint une lourde peine d’emprisonnement.
Directeur artistique du Centre Gogol, Kirill Serebrennikov a été condamné pour le détournement entre 2011 et 2014 d’environ 129 millions de roubles (1,65 million d’euros au taux actuel) de subventions publiques à des fins d' »enrichissement personnel ». Interrogé au cours d’une conférence de presse avant l’énoncé des peines, le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert, a souligné que « le droit à la liberté d’expression et la possibilité de présenter des opinions politiques différentes » valaient aussi « pour la Russie ». Olivier Py, le directeur du Festival d’Avignon a dénoncé auprès de l’AFP « un procès politique, un retour à l’URSS stalinienne ».
Arrêté en août 2017 sur un tournage à Saint-Pétersbourg, Kirill Serebrennikov avait été assigné à résidence à Moscou jusqu’en avril 2019. Nombre de personnalités russes et étrangères lui ont exprimé leur soutien, considérant que son art en contradiction avec le conservatisme des autorités lui avait fait ses ennemis.
En septembre 2019, la justice avait levé son assignation à résidence et renvoyé le dossier au parquet, l’estimant incomplet. Mais une nouvelle expertise a conclu début juin que le réalisateur et son équipe avaient touché un trop-perçu d’environ 129 millions de roubles d’aides publiques.
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