Alors que Edouard Philippe, le Premier Ministre vient d’annoncer l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes. Toutes les salles vont dont devoir fermer leurs portes. C’est déjà le cas à Lorient ou à Mulhouse. Le CDN de Colmar a été contraint d’annuler ses représentations depuis une semaine déjà. Comment faire face à cette situation ? On fait le point avec Matthieu Cruciani, co-directeur de la Comédie de Colmar.
Quelle est la situation à Colmar ?
Depuis vendredi dernier, le 6 mars, les rassemblements de plus de 50 personnes ont été interdits. On a donc dû annuler trois spectacles de la programmation, A poils d’Alice Laloy, Pour l’amour de Léon d’Adèle Chaniolleau et Camille Pélicier, qu’on a reporté sur avril, et Candide d’Arnaud Meunier. Mais on sent bien que c’est toute la fin de la saison qui risque de tomber à l’eau. Il y a donc de grands manques à gagner en termes de billetterie qui se profilent. Sachant que nos productions en tournées – on en a 3 – sont également menacées. Et que là, ce sera catastrophique, car les ventes de ces spectacles ont d’ores et déjà été intégrées au budget.
Comment procédez-vous en termes de dédommagements ?
Cela dépend des situations. Avec Arnaud Meunier qui est à la tête d’une structure solide, on est encore en train de parler pour voir comment s’arranger. Pour les compagnies, qui sont nettement plus fragiles – pour Alice Laloy en l’occurrence – on a décidé de régler le prix de cession (NDLA : le prix auquel le CDN avait acheté le spectacle). Pour les contrats intermittents des équipes techniques, on a décidé de les honorer même si les représentations ont été annulées.
« On se sentait en décalage avec le reste de la France »
Les assurances peuvent vous aider ?
Le problème, c’est que les assurances rembourseraient si on déclarait un cas de force majeure. Mais dans ce cas, on ne paierait pas les compagnies. Dans ce cas, l’assurance nous rembourserait les frais engagés et le manque à gagner. Mais avec Émilie (NDLA : Émilie Capliez, codirectrice de la Comédie de Colmar), on a décidé qu’il fallait avant tout chercher à protéger les plus fragiles.
Comment est-ce que la profession s’organise ?
On échange beaucoup avec l’ACDN (Association des Centres Dramatiques Nationaux) pour trouver une ligne commune, établir une ligne claire à laquelle adhéreront les CDN. La DRAC et la DGCA sont également mobilisées. On nous demande des projections budgétaires sur nos pertes. Sincèrement, on n’est pas livré à nous-mêmes. Mais on sent bien que tout le monde est dans l’expectative. Le but, ça va être de rester en concertation, d’être en dynamique avec les autres. Et puis, la situation risque d’être plus difficile encore pour des plus petites structures comme des théâtres de ville.
Quelles impressions avez-vous gardées de cette première semaine de « quarantaine » ?
Ça fait dix jours que les écoles sont fermées ici, ça crée une drôle d’ambiance, on a l’impression que la ville est endormie. Surtout, on se sentait en décalage avec le reste de la France. C’était comme si on avait pris conscience de la gravité des choses – beaucoup ici connaissent directement quelqu’un qui a été infecté – alors qu’on voyait nos amis qui rigolaient, minimisaient, critiquaient les mesures de restriction et continuaient à s’embrasser. Maintenant, tout cela va changer.
Propos recueillis par Eric Demey – www.sceneweb.fr
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