Le festival initié par le Quartz met la danse au pluriel. Dans cette 9e édition on y croise Angela Rabaglio et Micaël Florentz, Mickaël Phelippeau, Gwendoline Robin et Lisbeth Gruwez qui est artiste associée au Quartz. Compte-rendu de saison.
DansFrabrik aura donc commencé sur un air baroque avec Lou nouveau portrait dansé de Mickaël Phelippeau habitué du genre. Lou comme Lou Cantor interprète repérée auprès de Béatrice Massin. Elle trace au sol sa « belle danse », explique le pourquoi de son présent, s’amuse d’une robe façon corset enfilée par-dessus jean. On aime la belle énergie autant que la fragilité qui se dégagent sous nos yeux, sa façon désinvolte de siffler Lully. Tout est juste. Dommage que le rapport à sa mère, Béatrice Massin, présente sur le plateau un bref instant, détourne ce solo vers un excès de sentimentalisme. Mais Lou s’offre au final une échappée belle bienvenue.
Dans les sous-sols du Quartz de Brest on se pressait pour découvrir le tandem Angela Rabaglio et Micaël Florentz dans The Gyre. Variation autour de la marche cette pièce trouble par l’excellence des danseurs pris dans un mouvement quasi continu. Graviter autour de l’autre, jusqu’à tomber à ses pieds, dans une pénombre apaisée. Dans le sillage d’un Daniel Linehan (Not About Everything d’excellente mémoire) ou d’Alessandro Sciarroni Angela Rabaglio et Micaël Florentz se trouvent pris dans un tourbillon d’émotions. Maîtrise du geste -un peu trop-, entente des corps, The Gyre fait l’effet d’une course sans fin. Première création de la compagnie Tumbleweed –nom donné aux Etats-Unis à ces buissons s’envolant- cette chorégraphie toute de gravitation ne laissera personne indifférent.
Il était également question de Gravitation dans la performance de Gwendoline Robin à la Passerelle Centre d’art. Imaginez une comète tombée sur Brest et vous avez, pour faire court, une idée de la dimension poétique de cet objet performatif. Saisissant. Plus en tout cas que le solo de Lisbeth Gruwez, artiste associée du Quartz, sobrement intitulé Piano Works Debussy. Plus habituée aux sons du monde actuel –Bob Dylan, la voix d’un prédicateur américain- Gruwez dialogue cette fois avec la musique de Claude Debussy jouée live par Claire Chevalier. Beau travail des bras comme pris dans de larges manches, tentative de s’élever du sol Lisbeth Gruwez rappelle la grande interprète qu’elle est. Mais les notes de Debussy paraissent vivre leur vie reléguant la danse comme en arrière-plan. Rien de déplaisant pour autant, juste une impression de rendez-vous manqué. On comprend dès lors pourquoi Debussy est si peu prisé des chorégraphes contemporains. Son Faune mis à part. On rêve quand même de ce qu’une artiste comme Anne Teresa De Keersmaeker pourrait faire de ces pièces pour piano. DansFabrik se poursuit jusqu’au 7 mars.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
A voir aussi à Brest, Mascarades de Betty Tchomanga du 5 au 7 mars 2020
DansFabrik Quartz de Brest jusqu’au 7 mars
Piano Works Debussy de et avec Lisbeth Gruwez devrait être repris cet été au Festival d’Avignon
The Gyre de et avec Angela Rabaglio et Micaël sera repris au Monfort Paris dans le cadre du Festival des Illusions du 3 au 5 avril
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