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Le Moche de Mayenburg, à la recherche du thon perdu

À la une, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre
Jean-Michel Turpin

photo Jean-Michel Turpin

Comédie caustique et drôlement bien ficelée de Marius von Mayenburg, Le Moche observe la dilution des identités dans ce monde du paraître. Un spectacle un peu trop sagement mis en scène par Camille Jouannest au Théâtre de Belleville.

C’est une pièce qui se pitche vraiment bien. Un jour, un ingénieur apprend, par son employeur et sa femme, qu’il est depuis toujours terriblement moche. Moche, mais vraiment…comment dire ? C’est au delà de l’imaginable. Au-delà même des mots. Personne ne le lui avait jamais dit d’ailleurs. Il opte donc pour une opération de chirurgie esthétique, risquée, improbable, « vraiment loin d’être gagnée » le prévient son médecin. Résultat : Lette devient un homme incroyablement et irrésistiblement beau. Du genre qui déclenche immédiatement le désir chez qui le regarde. Comment va-t-il vivre ce renversement soudain ? C’est tout ce que raconte cette pièce.

En même temps, s’arrêter là, à cette histoire, c’est amputer le texte de Marius von Mayenburg de pas mal de dimensions qui lui sont également essentielles. Passer sous silence de nombreuses qualités qui en font bien davantage qu’une bonne trouvaille scénaristique. On ne dévoilera pas trop la suite, mais le succès de Lette fera des jaloux et entraînera le monde dans une course folle à la beauté. Mayenburg a le talent pour plonger son univers réaliste – l’entreprise qui veut vendre ses produits, le couple lambda – dans un bain complètement loufoque. Une milliardaire dominatrice et son fils soumis, un médecin qui ne sait jamais ce qu’il fait le nourrissent de personnages à fort potentiel comique. Et un enchaînement au cordeau de scènes qui, sur un seul mot, glissent d’une situation à l’autre, lui offrent la garantie d’un rythme soutenu et d’une fluidité absolue. En même temps, satire de la folie du paraître, des rapports socio-économiques, de la marchandisation des corps et questions plus ontologiques sur l’identité permettent de multiplier les grilles de lecture et font résonner cette pièce en une multitude d’échos.

Sur le plateau, au sol, des traits de craie dessinant une pièce rectangulaire et ses entrées. Une table trône au centre de la pièce. Elle sera tour à tour bureau, lit ou table de cuisine, selon les lieux où l’action nous emmène. La scénographie de Camille Jouannest est simple. Les costumes qui évitent un trop grand réalisme laissent planer le fantastique. Et les lumières font basculer certaines scènes dans le burlesque grand-guignolesque comme le texte semble y inviter.

La mise en scène de Caille Jouannest, en fait, sert le texte. Mais le resserre en même temps. Peut-être dans le jeu aurait-il fallu prendre davantage d’ampleur, composer des personnages plus marqués , moins avancer dans cette ligne réaliste sur laquelle la metteuse en scène dit vouloir rester en équilibre. Le spectacle manque d’un petit grain de folie supplémentaire pour aller au bout de l’écriture. Au-delà de cette frustration, le spectacle porte avec justesse les enjeux et la richesse du texte de Marius von Mayenburg, compagnon de route d’Ostermeier : vive, tranchante, noire, surprenante et d’une grande virtuosité.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

LE MOCHE
Texte Marius von Mayenburg

édité chez l’Arche Editeur – Traduction Hélène Mauler et René Zahnd

Mise en scène Camille Jouannest

Avec Vincent Breton, Hubert Girard, Axelle Lerouge, Laurine Villalonga

Création Lumière Ivan Márquez

Production Compagnie 15 000 cm2 de peau

Création au Laboratoire de Formation au Théâtre Physique (LFTP),
International Visual Theatre (IVT), Arcal Lyrique, MPAA et la Guillotine

Soutien Avignon Festival & Compagnies (AF&C), Puissance 5, SACD, Centre Paris anim’ Les Halles

Durée : 1h15

AU THÉÂTRE DE BELLEVILLE
Du Vendredi 3 au jeudi 30 décembre 2021
Du Mer. au Sam. 21h15
Relâches les 24 et 25 déc.

12 décembre 2021/par Eric Demey
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