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Enterre-moi mon amour : Portrait d’un exil en creux

À la une, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre, Vitry-sur-seine
Matthieu Edet

Photo Matthieu Edet

Entre numérique, photo argentique et jeu, Clea Petrolesi reconstitue dans Enterre-moi mon amour le fil WhatsApp d’une jeune migrante syrienne en route vers l’Allemagne. Une approche originale et sans pathos, qui peine toutefois à trouver sa forme.

« Enterre-moi mon amour [une expression qui en arabe signifie ‘’je t’aime, donc je veux mourir avant toi ». La phrase, qui apparaît dès les premières minutes du spectacle de Clea Petrolesi et en explique le titre, apparaît sur l’un des deux écrans installés sur le plateau qui, autrement, est entièrement nu. Comme tous ceux qui lui succèdent, ce message a réellement écrit à une jeune femme syrienne, Dana, alors qu’elle vient de quitter son pays dans l’espoir de gagner l’Allemagne avec son beau-frère Kholio. En l’occurrence, par sa mère qui communique avec elle par le même canal que sa grande sœur « Lou£ou », sa petite sœur Mimoty qui est aussi la femme de Kholio, et ses amis Khaled, Nawar, Haya ou encore Alia : la plateforme de messagerie WhatsApp, Confiés par Dana à la journaliste Lucie Soulier, qui les a traduits et publiés sur lemonde.fr dans un article intitulé « Le voyage d’une migrante syrienne à travers son fil WhatsApp », ses échanges avec ces proches restés au pays, et avec son frère Nash qu’elle veut rejoindre en Allemagne constituent la matière principale Enterre-moi mon amour.

Clea Petrolesi opte ainsi pour une approche singulière de l’exil. Sujet qui donne lieu depuis quelques années à de nombreux spectacles, trop souvent pétris de bonne conscience et/ou débordants de misérabilisme. En s’intéressant aux traces virtuelles laissées par un exil réel, la fondatrice de la compagnie Amonine – « On y va ! », en Sicilien – qui se consacre « aux questions de l’exil, du mouvement et du bassin méditerranéen –, prend l’audacieux parti de donner forme théâtrale à une part silencieuse, invisible, de l’expérience de l’exilé. On pense alors au théâtre sans acteurs, tel que l’ont par exemple pratiqué les metteurs en scène et performeurs libanais Rabih Mroué et Lina Saneh il y a quelques années dans 33 tours et quelques secondes. Un dispositif sans acteurs, avec ordinateurs et autres machines, qui dressait le portrait en creux d’un jeune militant libertaire libanais suicidé à travers son mur facebook. Le parti pris de Clea Petrolesi est moins radical.

Pour donner vie au fil WhatsApp, elle a recours non seulement au numérique, mais aussi à la photographie argentique et au jeu. Entre les deux écrans, les comédiens Loup Balthazar et Benoît Lahoz – il signe aussi la création vidéo de la pièce – portent la parole de Dana et de Kholio. Ils les incarnent parfois, mais la plupart du temps se tiennent à distance d’eux. « L’objectif est qu’ils restituent la partition musicale que nous évoque WhatsApp afin que le public puisse saisir – à l’échelle du spectacle – le temps qui sépare une question d’une réponse ou à l’inverse l’arrivée surprenante d’une déferlante de messages à un moment qui n’est pas forcément opportun », explique la metteure en scène. Présente au plateau, la photographe Caroline Gervay, qui partage l’intérêt de Clea Petrolesi pour les questions relatives à l’exil, porte en développant des photos en direct cette idée de temporalité à part. Une belle idée, qui donne lieu à quelques moments sensibles, mais qui peine à s’articuler avec le jeu et les projections.

Au lieu de ne former qu’une seule partition, les trois composantes de la pièce peine la plupart du temps à dialoguer entre elles. Sans que cela apparaisse non plus comme une intention de mise en scène. Bien que troué de silences, le jeu des deux interprètes a tendance à trop illustrer la solitude, l’angoisse dont témoignent très pudiquement les conversations WhatsApp qui défilent sur les murs. Cette matière, travaillée par Clea Petrolesi en conversation avec Dana à présent installée en Allemagne, aurait gagné à être davantage placée au centre du spectacle, à en être le sujet principal. L’éloignement dont il est question aurait sans doute mieux trouvé sa forme et sa force.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Enterre-moi mon amour
Texte Clea Petrolesi d’après l’article de Lucie Soullier Le voyage d’une migrante syrienne à travers son fil WhatsApp paru dans les grand formats du Monde.fr
Mise en scène Clea Petrolesi
Avec Loup Balthazar, Caroline Gervay, Benoît Lahoz
Assistant à la mise en scène Yoann Josefsberg
Création vidéo et dispositif Benoît Lahoz
Création lumière et son Carla Silva
Photographie Caroline Gervay
Travail corporel Lilou Robert
Scénographie Agathe Zavaro
Création sonore David Couturier
Construction décor Leo Lagarde, Benjamin Gabrié

Production déléguée Théâtre Paris-Villette
Coproduction Compagnie Amonine, Théâtre Jean Vilar – Vitry-sur-Seine
Soutiens Ville de Paris, DRAC Île-de-France, Association Beaumarchais-SACD, SPEDIDAM, l’ADAMI, Théâtre de l’Escabeau, Théâtre des Quartiers d’Ivry, Espace 1789, The Gate Darkroom

Durée : 1h30

Théâtre Paris-Villette
du 6 au 21 mars 2020

Théâtre Jean Vilar, Vitry-sur-Seine, dans le cadre du festival Les Transversales
le 20 avril

La Barbacane, Scène conventionnée de Beynes
le 3 novembre

11 mars 2020/par Anaïs Heluin
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