Patrick Gufflet, le directeur du Théâtre Paris-Villette a eu l’idée (bonne ou mauvaise) de présenter deux versions du poème de Jean Genet, « Le Funambule ». Bonne parce que le texte reste magnifique, trop peu joué, comme le sont malheureusement les pièces de Genet. Bonne parce que les deux metteurs en scène, Cédric Gourmelon et Julien Fišera sont dans des univers totalement opposés, et qu’il est intéressant de confronter deux visions autour d’une même œuvre dans une même soirée. « L’expérience sous-tendrait-elle un concours de la meilleure mise en scène avec un prix spécial du jury ? interroge Patrick Gufflet. Ce n’est pas de cela dont il s’agit. Nous sommes dans la provocation joyeuse, un pari de théâtre que j’ose lancer avec ces deux complices ». Même averti, le spectateur, lui ne peut s’empêcher de comparer les deux versions. Et c’est en cela que l’initiative devient mauvaise pour les acteurs et les metteurs en scène, pris au piège de la concurrence. Patrick Gufflet a donc inventé le concept du « théâtre crochet » où le public choisit. Et la nouvelle star est….
Entre terre, et ciel, entre sable et toile, les visions des deux metteurs en scène montrent des facettes différentes du texte de Jean Genet. Cédric Gourmelon a choisit de faire figurer sur scène l’athlète dont parle Genet. Antoine Kahan assis sur une chaise écoute Raoul Fernandez lui adresser ce poème. Ce cri du cœur déchirant d’amour. Faisant craqué tout doucement les grains de sable de la piste de cirque, Raoul Fernandez dont le parcours artistique est d’une grande richesse (costumier, acteur chez Sivadier – « La Dame de chez Maxim’s », Nordey – « Les justes » en 2010…) fixe le public, et déclame ce poème, sans s’adresser au funambule. L’intensité de la lumière augmente au fur et à mesure que le désir s’installe. C’est simple, mais pas suffisamment poignant, émouvant.
Julien Fišera a choisit de tendre une toile de cirque de 100 m2 au dessus de la tête des spectateurs qui réunit les deux espace de la scène et de la salle. Le comédien, Pierre-Félix Gravière est caché derrière cette grande toile blanche. Pendant une bonne partie du spectacle, il joue accroupi, allongé, courbé, empêché de se lever. Puis la toile petit à petit se lève, tout doucement. Il peut alors se tenir debout. La scénographie de Virginie Mira est magnifique. Julien Fišera a bouleversé les fragments du texte du Genet, pour les reconstituer à sa manière. L’ensemble est porté par le jeu précis de Pierre-Félix Gravière.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
LE FUNAMBULE(S)
de Jean Genet
Un texte pour deux mises en scène dans la même soirée
28 février > 10 mars 11
Les deux spectacles sont en alternance à 19h30 et 21h
les 28 fév, 1er, 2, 4, 7, 8, 9, 10 mars
dimanche 6 mars à 16h et 17h30 – relâche samedi
La soirée du jeudi 3 mars débutera à 18h30 par un débat autour de la mise en scène et sera suivie à 21h de la version de Julien Fišera uniquement.
Création 31 août 2010 à l’Air Libre
à Saint Jacques de la Lande
Mise en scène Cédric Gourmelon // Collaboration artistique Nathalie Elain
Interprètes Raoul Fernandez // Antoine Kahan
Régie plateau Antoine Hordé // Lumière Cyril Leclerc // Chargé de production
Ronan Martin
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Résidence à L’Aire Libre, scène conventionnée de Saint Jacques de la Lande
Réseau Lilas est une compagnie conventionnée par le Ministère de la Culture et de la
Communication / DRAC Bretagne et la Ville de Rennes, soutenue par la région Bretagne. Le spectacle reçoit le soutien de l’ONDA.
Bellac
Théâtre du Cloître, scène conventionnée
3 février 2011 à 20h30
LE FUNAMBULE
Mise en scène de Julien Fišera
Avec Pierre-Félix Gravière
Espace Virginie Mira // Lumières Caty Olive // Musique Alexandre Meyer //
Assistanat à la mise en scène Mirabelle Rousseau // Administration et production Claire Guièze / Le petit bureau
Production Espace Commun, Théâtre Paris-Villette.
Avec l’aide de la DRAC Île-de-France : Aide au compagnonnage et Aide à la production 2010.
Avec le soutien du CENTQUATRE.
Une étape de travail a été présentée sous le titre Vous n’êtes pas prêts pour notre monde et sa logique dans le cadre du festival « 360 » à Lilas en Scène en juin 2010.
Dans une mise en scéne d’une grande pureté un acteur qui nous fait vibrer et qui nous transporte dans un univers poétique, sublime, unique… mes compliments au metteur en scène d’avoir invité cet exceptionelle acteur qui est Raoul Fernandez, dejà vu dans les travaux de Nordey, Fonzo Bo et Sivadier.