L’édition 2020 du Festival d’Avignon sera traversée par les dieux grecs Eros et Thanatos, avec comme thématique centrale, celle du corps. La 74e édition se déroulera du vendredi 3 juillet au jeudi 23 juillet, soient 21 jours de festivités. Le Off débutera le même jour, le 3 juillet et fermera ses portes le dimanche 26 juillet. La programmation totale du Festival d’Avignon sera dévoilée le 26 mars 2020 mais voici déjà un aperçu de quelques spectacles.
Jean Bellorini, tout nouveau directeur du TNP de Villeurbanne va se confronter à la mythique Cour d’honneur cet été. En 2016, il avait présenté Karamazov dans la carrière Boulbon, en 2020, ce sera Orfeo, une plongée joyeuse, festive et profonde dans la langue de Valère Novarina, charnue, organique, rythmique, musicale dialoguant avec les grands thèmes musicaux de l’opéra L’Orfeo de Claudio Monteverdi. Jean Bellorini conjugue dans ce projet ses deux matières de prédilection, le langage et la musique.
Depuis plusieurs années, Olivier Py et son équipe renouvellent, rajeunissent et féminisent la programmation. Le public va découvrir le travail de Thipaine Raffier. Issue de la 2e Promotion (2006-2009) de l’Ecole du Nord (Ecole Supérieure d’Art dramatique) de Lille, elle fait partie du collectif des artistes associés du Théâtre du Nord dirigé par Christophe Rauck. Elle va présenter Création 4, un titre encore provisoire et prendre appui sur les questions éthiques qui sont l’essence des œuvres de miséricorde de l’Évangile selon saint Matthieu. Donner à manger aux affamés, donner à boire aux assoiffés, vêtir ceux qui sont nus ; accueillir les étrangers ; assister les malades , visiter les prisonniers , ensevelir les morts, enseigner les ignorants, sauvegarder la création… Quinze œuvres comme quinze titres, quinze commandes, quinze chapitres qui seront pour la metteuse en scène des injonctions et des inquiétudes morales archaïques ou contemporaines à interroger.
En 2016, au Cloître des Carmes, les belges du Raoul collectif ont présenté Rumeur et petits jours. Un spectacle naïf et surréaliste sur le libéralisme. Ils reviennent cet été avec Une Cérémonie. Le spectacle sera créé en avril au Théâtre National Wallonie-Bruxelles. Le Raoul Collectif s’inscrit dans un interminable, inépuisable cheminement et chaque spectacle est comme l’arrêt sur image d’un imaginaire fécond, d’une lutte insatiable au service d’une sensibilité artistique et politique commune. Le temps est pour lui un allié, incompressible et intimement lié au voyage. La lenteur est une revendication, l’utopie, le sceau de ses armoiries.
On devrait retrouver dans la Cour d’Honneur la nouvelle création du chorégraphe grec Dimitri Papaioannou.
Les chorégraphes Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero présenteront Lamenta. Au sein de la compagnie Siamese, les deux chorégraphes travaillent à célébrer la conjonction et la diversité des genres, cultures, langues et traditions. Koen Augustijnen se forme à l’histoire, au théâtre et à la danse avant d’intégrer les Ballets C de la B en 1991 où il danse dans les pièces de Alain Platel, avant d’y devenir un des chorégraphes permanents.
Frédéric Leidgens et Annie Mercier, deux immenses comédiens se partageront l’affiche de Condor de Frédéric Vossier, que l’auteur a écrit pour la comédienne. Ancienne militante engagée, Anna revient voir son frère. Souvenirs atroces de leur jeunesse, quand en 1975, la dictature brésilienne torturait et tuait. Que se dire quand on est frère et soeur et qu’on ne s’aime pas ? Dans les conversations heurtées et trouées remonte la dramaturgie du trauma. La mise en scène sera assurée par Anne Théron.
Laëtitia Guédon, la metteuse en scène qui dirige à Paris Les Plateaux Sauvages présentera une version de Penthésilée, écrite avec Marie Dilasser. Tour à tour guerrière insatiable de violence et de mots, corps métamorphosé mi-femme-mi-homme mi-animal, ou déesse au langage vocal insondable, Penthésilée est la reine des Amazones mais aussi une des figures féminines de la guerre de Troie. Face à Achille, elle est puissance et fragilité, malmenée par des décisions impossibles. En demandant à Marie Dilasser d’écrire une Penthésilée pour les temps d’aujourd’hui et dans une langue dégenrée, Laëtitia Guédon souhaite parler des espaces de révélations offerts aux femmes. L’intime, le mystère, le combat sont autant de terrains pour ressentir les relations complexes des femmes à leur puissance. « Avec Marie Dilasser, nous tentons d’écrire un oratorio-manifeste pour les générations futures et poser la question d’une possible réconciliation. »
Yngvild Aspeli metteuse en scène, comédienne et marionnettiste d’origine norvégienne présentera sa version de Moby Dick, d’après l’oeuvre d’Herman Melville. Après une formation à l’École internationale de théâtre Jacques Lecoq puis à L’École nationale supérieure des arts de la marionnette (ESNAM) à Charleville-Mézières, elle dirige depuis 2008 la compagnie Plexus Polaire.
On retrouvera également dans la programmation Les Femmes de Barbe-Bleue dans la mise en scène par Lisa Guez, grand vainqueur du Festival Impatience 2019 avec Valentine Krasnochok, Valentine Bellone, Anne Knosp, Nelly Latour et Jordane Soudre qui incarnent avec fougue et justesse des épouses aussi séduites que révoltées par leurs monstres de maris.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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