J’aime entendre rire une salle de théâtre. J’ai toujours été sensible à la façon dont le théâtre s’empare des éclats et des excès de la farce. Entre le fou-rire et le chaos.
J’aime le burlesque, chez Molière, Thomas Bernhardt, chez Labiche ou chez Feydeau, parce qu’il conjugue la virtuosité verbale et l’énergie du geste, le mouvement et l’engagement « athlétique »
des acteurs dans le jeu, le rire irrésistible et l’audace, la violence même, et l’extravagance qui conduit, sinon toujours au bord de la folie, du moins à la révélation soudaine de l’inquiétante
étrangeté des êtres et des choses. Dormez je le veux ! fait feu de la folie et du rire, avec ses coq à-l’âne, son usage immodéré du nonsense, ses quiproquos, ses substitutions en chaîne, son
stupéfiant-image, son fétichisme des objets, son retour du refoulé et sa fantasmagorie d’univers virtuels. Des trouvailles qui anticipent, dirait-on, les trouvailles surréalistes et celles du théâtre
de l’absurde. Joie du mouvement et pur élan !
Il faut aller vite. Mal peut-être mais vite, avec quelques réussites cependant, s’amusait Claudel !
Une frénésie bondissante emporte les personnages, les mots et les choses. Une énergie à très haute fréquence, un tempo qui ne faiblit pas.
Un vertige ! On rit encore, on est déjà ailleurs. Jamais on n’avait su donner cette rapidité à l’intrigue, ce rythme à l’écriture théâtrale, cette vitesse au rire. Un train d’enfer ! Qui exige des acteurs une
virtuosité pour jouer sur deux registres simultanés : la précision d’une mécanique de machine infernale qui menace d’exploser à tout instant et la vivacité, la liberté du jeu qui laisse entrevoir
les dérapages oniriques d’un cauchemar gai. Plus proche de l’humour fou des Marx Brothers encore que de Kafka ! Un théâtre à l’estomac !
Dormez je le veux ! et Mais n’te promène donc pas toute nue ! de Georges Feydeau
Mise en scène Gilles BouillonAvec
Frederic Cherboeuf,
Nine de Montal,
Mathias Maréchal,
Iris Pucciarelli,
Vincent Chappet,
Paul ToucangDramaturgie : Bernard Pico
Scénographie, costumes : Nathalie Holt
Assistante costumes : Louise Ybarren
Lumières : Alexandre Barthelemy
Musiques et son : Alain BruelProduction : Compagnie G. Bouillon,
Co-Réalisation avec le Théâtre de Châtillon, Co-Production Anthéa, Antipolis-Théâtre d’Antibes
avec la participation artistique de l’ENSATT, avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
La compagnie G. Bouillon est subventionnée par le Ministère de la Culture.du vendredi 22 novembre au mardi 26 novembre 2019
à 20h30 (le dimanche à 16h) au Théâtre de Châtillon
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