Bien que Molière soit considéré comme l’auteur absolu du théâtre du XVIIe siècle, nous ne disposons guère d’écrits théoriques rédigés par sa plume. À cette époque, les auteurs exposent la plupart du temps l’aspect théorique de leur travail dans les envois ou les remerciements qu’ils font à leur protecteur, ces écrits ayant dès lors un fort caractère d’allégeance. Il se trouve que les représentations de L’École des femmes ont donné lieu à une querelle ; et pour faire face à la cabale dont il est l’objet, Molière va répondre… par du théâtre ! La Critique de l’École des femmes va d’ailleurs entraîner une série d’autres réponses – de Contre-critiques. Ce choix que fait Molière de répondre à ses détracteurs non pas par un texte théorique (ce dont il aurait été parfaitement capable) mais par une comédie – où il expose ce que le théâtre signifie intrinsèquement – est révélateur de la puissance qu’il accorde à l’écriture dramatique. Il ne cherche d’ailleurs pas à imposer son point de vue, et parfois même, les défenseurs de l’École des femmes, dans la Critique, ne sont pas très convaincants. Molière ne se défend pas, il continue de faire du théâtre. Et c’est là que réside tout l’intérêt de ce texte. Quand on monte La Critique, il me semble donc extrêmement important de traquer le théâtre partout où il se trouve. Il s’agit d’abord de monter une pièce de Molière. Le propos théorique y ressurgira toujours puisqu’il en est l’essence. C’est le pari que nous avons fait avec Muriel Mayette, quand elle m’a offert de mettre en scène La Critique au Studio-Théâtre. Pari audacieux que celui de penser que cette pièce « tient » toute seule alors qu’on sait pertinemment qu’elle a été écrite pour être présentée après l’École des femmes (ce n’est que par la suite qu’elle est devenue un lever de rideau). Ne nous leurrons pas : cette comédie en sept scènes est bourrée de références à la pièce éponyme, que le public ne connaît pas forcément. C’est la raison pour laquelle je vais m’employer à faire entendre dans ce spectacle des extraits de L’École des femmes. Comme au détour d’une conversation quand on se met à commenter un film que l’on a vu en citant les dialogues : «Tu te souviens de ce moment où un tel dit cela… » Extrait de la note d’intention de Clément Hervieu-Léger
La Critique de l’École des femmes de Molière
mise en scène de Clément Hervieu-Léger
Avec
Clotilde de Bayser, Uranie
Elsa Lepoivre, Climène
Loïc Corbery, Dorante
Serge Bagdassarian, le Marquis
Christian Hecq, Lysidas
Georgia Scalliet, Élise
Jérémy Lopez, Galopin
Scénographie, Éric Ruf
Lumières, Bertrand Couderc
Costumes, Caroline de Vivaise
Réalisation sonore, Jean-Luc Ristord
Arrangements-musiques, Pascal Sangla
Nouvelle mise en scène
Représentations au Studio-Théâtre du mercredi au dimanche à 18h30
du 27 janvier au 6 mars 2011
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