Pour le grand public il aura été Jean Le Quesnoy dans le mythique film La vie est un long fleuve tranquille d’Etienne Chatiliez, mais il aura surtout marqué l’histoire du théâtre ces 50 dernières années. André Wilms est décédé mercredi à 74 ans.
Pour l’un de ses derniers rôles, il incarnait un ancien membre du PC dans La Fin de l’homme rouge, l’adaptation remarquable de l’essai de Svetlana Aleksievitch par Emmanuel Meirieu. « Une dernière voix solitaire ». « Il n’y a plus personne avec une flamme dans les yeux » disait André Wilms, toujours aussi émouvant, lui l’ancien militant maoïste à la Gauche prolétarienne, ouvrier, qui n’a jamais fait d’école de théâtre.
Après un CAP stuqueur, il débute comme cintrier au Théâtre Sorano de Toulouse. Il est rapidement engagé comme figurant et passe une audition devant Klaus Michael Grüber. Il le mettra en scène dans Faust-Salpétrière de Goethe en 1975, dans la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière à Paris. Un spectacle qui fera date dans l’histoire du théâtre avec dans la distribution Jean Benguigui, Christiane Cohendy et déjà Évelyne Didi, sa compagne. La même année, André Wilms est déjà à l’affiche du Festival d’Avignon, dans la Chapelle des Pénitents blancs, dans Souvenir d’Alsace de Bruno Bayen et Yves Reynaud dans le cadre de cadre de Théâtre ouvert de Lucien Attoun. Sa carrière est lancée, André Engel le met en scène dans Baal de Bertolt Brecht au Théâtre national de Strasbourg dont il intègre le collectif.
Jean-Pierre Vincent, André Engel, puis Georges Lavaudant ne cesseront de lui proposer des rôles magistraux. Il retrouve Klaus Michael Grüber en 1989 pour La Mort de Danton, puis croise la route de Deborah Warner qui le met en scène dans La Maison de poupée d’Henrik Ibsen en 1997.
André Wilms signe également ses propres mises en scène au théâtre et à l’opéra. Il a donné le goût du théâtre à son fils Mathieu Bauer qui le dirigé dans plusieurs spectacles notamment dans Qu’on me donne un ennemi de Heiner Müller en 2013, au Nouveau Théâtre de Montreuil. Avec Emmanuel Meirieu, il signe un retour fracassant et poignant dans La Fin de l’homme rouge créé à la Scène Nationale de Sceaux en février 2019. André Wilms avait des projets et avait donné son accord pour plusieurs engagements à venir.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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