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Marina en Maria, un inégal double je de diva

À la une, A voir, Les critiques, Opéra, Paris

photo Charles Duprat OnP

Rentrée en grande pompe pour le Festival d’Automne et l’Opéra de Paris où la star Marina Abramović présente 7 Deaths of Maria Callas. Fantomatique, fantasmatique, égocentrique, la performance ressuscite la célèbre diva et quelques-unes des héroïnes aux destins tragiques qu’elle a autrefois incarnées.

Dans les ors et velours du Palais Garnier, une luminosité extrêmement restreinte dévoile à peine la pâleur ténébreuse de Marina Abramović couchée sans sourciller une heure durant au devant de la scène. Immobile dans son alcôve, elle semble pourtant planer dans les nimbes célestes. Elle figure une Maria Callas mourante, tour à tour visitée par Violetta, Tosca, Desdémone, Butterfly, Carmen, Lucia et Norma, autant de figures emblématiques et inexorables qu’elle a ardemment chantées.

Sept morts lyriques se succèdent grâce à l’intervention d’autant de cantatrices se pliant sans démériter à l’exercice rigoureusement difficile d’un passage trop bref pour faire véritablement naître l’émotion et installer la tension dramatique attendue. A chacun des airs proposés s’associe un court-métrage réalisé par Nabil Elderkin dont les images projetées paraissent moins illustratives que fortement évocatrices. Avec une présence folle, Marina Abramović occupe le premier plan mais se laisse aussi bien accompagnée par l’acteur américain Willem Dafoe. Connue pour avoir fait de son propre corps mis à l’épreuve une œuvre d’art radicale qui repousse jusqu’à l’extrême les limites de la souffrance, elle apparaît évidemment en majesté sous les traits des figures malmenées, suppliciées, sacrifiées, à l’image d’une mariée au visage et à la poitrine maculés de sang, détruisant rageusement les miroirs de son luxueux palais et déchiquetant son voile virginal, ou d’une torera provocante, ligotée et plantée au couteau.

La scène est dominée par l’écran qui projette d’abord Marina Abramović couchée dans une mansarde aux murs livides et lépreux à l’heure du trépas symbolisé par une flamme qui vacille et s’éteint sur l’Addio, del passato de Verdi, puis errante dans un paysage stérile de fin du monde, ou flottant en apesanteur dans son irréfrénable chute du haut d’un building, ou étouffée par deux pythons visqueux, ou élancée vers un brasier ardent. Ces images spectaculaires que surenchérissent un texte signé Marina Abramović elle-même et une composition musicale à l’emphase ésotérique lourdement pétaradante de son compatriote Marko Nikodijevic, donnent l’impression de ne pas lésiner sur les effets mais l’ensemble laisse malgré tout frustré. Car, sur le plateau, cela semble un peu long, systématique, parfois inspiré, parfois enlisé.

Lorsque la performeuse daigne sortir de son lit, la représentation prend une forme théâtrale plus convenue et plus faible. Le décor cossu est celui de l’appartement parisien où Maria Callas malheureuse et solitaire a vécu les derniers moments de sa vie avant de mourir en 1977 à l’âge de 53 ans. Marina Abramović s’occupe et se déplace en adoptant un geste lent et économe puis disparait. Des femmes de chambre font le ménage. A la fin, elles ont recouvert les meubles de voiles de deuil. Casta Diva retentit sur un gramophone. La voix magnifiquement rugueuse de Callas crépite et témoigne de son incomparable intensité émotionnelle. Embrasée de ses derniers feux, Marina Abramović réapparaît dans une longue robe dorée et mime l’interprète. Et c’est ainsi que se conclut 7 Deaths of Maria Callas. Créée l’année dernière en pleine pandémie à l’Opéra de Munich et promise à une belle tournée internationale, la performance aussi intrigante que relativement inconsistante se présente comme la célébration de deux artistes immortelles.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

7 Deaths of Maria Callas

Scènes d’opéras de Vincenzo Bellini, Georges Bizet, Gaetano Donizetti, Giacomo Puccini et Giuseppe Verdi

Conception :
Marina Abramović

Musique :
Marko Nikodijević

Scènes d’opéras :
Vincenzo Bellini
Georges Bizet
Gaetano Donizetti
Giacomo Puccini
Giuseppe Verdi

Livret :
Petter Skavlan,
Marina Abramović

Direction musicale :
Yoel Gamzou

Mise en scène, décors :
Marina Abramović

Co-mise en scène :
Lynsey Peisinger

Collaboration aux décors :
Anna Schöttl

Réalisation film :
Nabil Elderkin

Vidéo intermezzos :
Marco Brambilla

Costumes :
Riccardo Tisci

Lumières :
Urs Schönebaum

Dramaturgie :
Benedikt Stampfli

Chef de choeur :
Alessandro Di Stefano

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris

Coproduction avec le Bayerisches Staatsorchester, Munich, le Deutsche Oper Berlin, le Maggio Musicale Fiorentino et le Greek National Opera, Athènes.
En partenariat avec le Festival d’automne à Paris

Actrice film et performance :
Marina Abramović

Acteur Film :
Willem Dafoe

Carmen :
Nadezhda Karyazina

Floria Tosca :
Selene Zanetti

Desdemona :
Leah Hawkins

Norma :
Lauren Fagan

Lucia Ashton :
Adela Zaharia

Violetta Valéry :
Hera Hyesang Park

Cio-Cio-San :
Gabriella Reyes

Durée: 1h30

Palais Garnier
du 01 au 04 septembre 2021

2 septembre 2021/par Christophe Candoni
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