Anne-Françoise Cabanis : « Charleville est la Mecque de la Marionnette ! »
Charleville-Mézières est pendant une semaine la capitale mondiale de la Marionnette. La 17ème Festival Mondial des Théâtres de la Marionnette (une biennale) se déroule jusqu’au dimanche 29 septembre dans la capitale des Ardennes. 100 compagnies invitées. Plus de 500 spectacles sont proposés, dont une centaine gratuit dans la rue. Dirigé par Anne-Françoise Cabanis, le festival montre toute la vitalité de cet art ancestral.
Que représente aujourd’hui la marionnette dans le spectacle vivant ?
La marionnette est une des scènes les plus actives, les plus dynamiques du spectacle vivant. Elle est en plein renouvellement, en pleine ébullition avec des croisements avec beaucoup d’autres disciplines. Elle est très contemporaine avec l’apport des nouvelles technologies. C’est un domaine à découvrir et il convient d’évacuer ce que génère ce mot marionnette qui a un côté marginal et enfantin alors que c’est un territoire extrêmement vivant et contemporain et pour adultes.
En fait le marionnette a fait sa révolution comme le cirque en son temps….
La marionnette a fait sa mutation il y a quarante ans, avant le renouveau des arts du cirque. C’est aussi grâce à ce festival et à tous les croisements qui se sont opérés ici que la marionnette a commencé à se renouveler. Elle s’émancipe de plus en plus.
Combien y-a-t-il de compagnies en France ?
Il y a en a beaucoup, il y en a presque 500. C’est quelque fois un peu trop. On peut estimer qu’il y en a 150 qui sont sur des territoires de recherche et d’innovation.
Donc c’est une difficulté pour vous pour choisir votre programmation ?
Oui car l’offre est abondante. Mais c’est un vrai plaisir aussi. Et cela permet de découvrir beaucoup de choses même si tout le monde voudrait venir ici ! C’est la Mecque de la marionnette. C’est le lieu où la reconnaissance se fait. On a réussi à agrandir le cercle des programmateurs qui sont plus généralistes et qui traitait auparavant cet art avec condescendance. On ouvre sur des programmateurs de toutes les disciplines et tout le monde veut venir.
Le Festival fonctionne donc un peu comme un marché ?
Oui bien sûr. Comme tous les grands festivals. C’est la loi de l’offre et de la demande. Au départ de Charleville beaucoup de compagnies françaises ont fait le tour du monde.
Vous avez souhaitez associer des artistes pour cette édition.
Nous avons deux grands artistes invités. Bérangère Vantusso de la Compagnie « Trois-Six-Trente » qui travaille avec des marionnettes hyper réalistes, souvent à taille humaine et qui nous renvoie des miroirs assez troublants. Et à l’opposé un artiste belge qui s’appelle Stéphane Georis de la compagnie des « Chemins de terre » qui travaille avec des marionnettes éphémères. Elles sont composées de fruits, de légumes, de viande, avec des objets détournés. J’ai donc voulu montrer l’aspect protéiforme de la marionnette, avec des univers parallèles qui forment un grand territoire.
Vous avez travaillé en profondeur tout au long de l’année avec la compagnie de François Lazaro.
Nous avons mis en asile artistique le « Clastic Théâtre » et toute l’équipe de François Lazaro autour d’un projet qui s’appelle « Des hurlements montaient le long des sols pleureurs » à partir du travail de Francis Marshall qui est un artiste « art brut » qui fabrique des poupées, des sculptures. Ce sont des personnages qui ont été usés par le temps, par la vie, par les intempéries. Il a écrit aussi les textes, des lettres de réclamations. On est à la croisée de plusieurs disciplines. Et ce travail s’est déroulé à Nouzonville dans un ville où subsiste une dernière forge en activité. Il y a beaucoup de souffrance dans cette ville et une habitude modérée de se confronter à des formes artistiques. Le pari était d’avoir un projet exigeant et de l’accompagner avec les habitants. On a eu la chance que le gérant de la forge accepter d’héberger la compagnie. Il y a eu beaucoup d’actions dans la ville. Et le spectacle se déroule dans la forge. Et c’est vraiment extraordinaire, cela prend un dimension pertinente. Entre l’art de ces artisans de la forge et les artistes il y a une proximité très forte.
Qui est le public qui vient à Charleville ?
C’est un public local. C’est le grand rassemblement. Les ardennais viennent à leur festival. Ils prennent des vacances pour profiter.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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