Nicole Garcia dans Royan de Marie Ndiaye
Elle commence à monter l’escalier pour rejoindre son appartement quand elle s’arrête soudain : elle a entendu, perçu plutôt, les signes infimes de la présence d’un couple sur son palier, un étage plus haut. Elle distingue le bruit de leur respiration, sent leur présence et, bien qu’ils ne parlent pas, elle les reconnaît, elle sait sans doute possible qui sont ces gens.
Elle reste immobile, figée dans son mouvement, dans son intention de regagner paisiblement son appartement. Elle comprend qu’elle ne peut pas rentrer tant que ce couple est là, à l’attendre. Car elle a tout fait, jusqu’à présent, pour éviter de les rencontrer. Ils lui tendent un piège en osant venir jusque chez elle, piège dans lequel elle est résolue à ne pas tomber, quitte à errer la nuit entière dans Royan ou à demeurer, même, clouée sur les premières marches de l’escalier, pétrifiée à la fois par sa détermination de ne pas affronter ces intrus et par le flux de ses réminiscences, visions, hantises.
Le monologue de cette femme se déroule durant ce moment- dans cet espace de temps qui s’étire, cesse d’être mesurable ou perceptible pour elle. Elle s’adresse aux deux êtres qui sont là-haut, un homme et une femme : ils sont les parents d’une de ses élèves, Daniella, qui s’est jetée par la fenêtre un mois auparavant, qui en est morte. Les parents veulent désespérément une explication, des raisons, un sens au suicide de leur fille. Elle, la professeure, estime qu’elle n’a rien à leur dire.
Néanmoins elle leur parle de Daniella telle qu’elle l’a connue et beaucoup aimée et, plus encore, d’elle-même, née et élevée à Oran. Elle raconte ou, plutôt, tente de reconstituer ce qui l’a conduite d’Oran à Royan et pourquoi elle refuse d’endosser la moindre responsabilité dans la mort de Daniella même si, d’une certaine façon, elle s’est toujours vue, reconnue en cette élève. Ce faisant, presque à son corps défendant, c’est une Déploration de Daniella qu’elle invente, une sorte de prière profane pour que cette jeune fille, où qu’elle soit, trouve enfin la paix.
Marie NDiaye
ROYAN
La Professeure de Français
de Marie Ndiaye
avec Nicole Garciamise en scène Frédéric Bélier Garcia
Décor Jacques Gabel
Lumières Dominique Bruguière assistée de Pierre Gaillardot
Son Sébastien Trouvé
Collaboration artistique Caroline Gonce, Sandra Choquet
Costumes Camille JanbonProduction
– Les Visiteurs du Soir
Coproduction
– Festival d’Avignon
– Compagnie Ariètis 2
– Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte d’Azur
– La Criée Théâtre national de Marseille
– Espace Jean Legendre, Théâtre de Compiègne
– Théâtre de la Ville – Paris
– La Comète – Scène Nationale de Châlons-en-Champagne
– La Maison/Nevers, Scène conventionnée Arts en territoires en préfigurationSoutien à la résidence
La Ferme du Buisson – scène nationale de Marne-la-Vallée05 au 21/11/2020 – PARIS – Théâtre de la Ville
05-06/01/2021 – MARSEILLE – Théâtre de la Criée
15-16/01/2021 – TOULON – Théâtre Liberté
18-19/01/2021 – COMPIÈGNE – Espace Jean Legendre Théâtre de Compiègne
22-23/01/2021 – LA ROCHELLE – La Coursive
28/01/2021 – VANNES – Théâtre Anne de Bretagne – Scène Conventionnée
09-10/02/2021 – CHÂLONS EN CHAMPAGNE – La Comète
13/02/2021 – CHARTRES – Théâtre de Chartres
02/03/2021 – ROMANS SUR ISERE – Les Cordeliers
05/03/2021 – NEVERS – Maison de la Culture de Nevers et la Nièvre – Scène Conventionnée
09/03/2021 – VILLEFRANCHE-SUR-SAÔNE – Théâtre de Villefranche – Festival Nouvelles Voix en Beaujolais
12/02/2021 – SÈTE – Théâtre Molière – Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau
17 au 20/03/2021 – NICE – Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte d’Azur
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