Ce spectacle est une fable que j’écris à partir d’une histoire vraie que je trouve magnifique.
Comment le Théâtre du Gymnase fut sauvé de la destruction par Armand Hammer. Dans les années 70, Gaston Deferre, maire de Marseille, contacte Armand Hammer pour la construction du site pétrolier de Fos sur mer. A la fin du rendez-vous, Armand Hammer dit au Maire :
– Je voudrais visiter le théâtre du gymnase.
– Celui là spécialement ?
– Oui
Le théâtre est à l’abandon depuis plusieurs années, destiné à la destruction. On court après les clefs, on trouve un éclairage de fortune.
Au milieu des gravats, Armand Hammer explique à Gaston Deferre :
– « A la fin du 19ème siècle, mes parents ont fui la Russie. Ils ont embarqué à Odessa sur un bateau de fortune qui a dû s’arrêter à Marseille pour réparations. Mes parents n’avaient pas d’argent et ils passaient leurs journées à marcher dans la ville. Un jour, ils ont été surpris par un orage, et ils se sont réfugiés sous le balcon de ce théâtre. Une dame leur a proposé d’entrer au chaud, et ils ont assisté à La dame aux camélias. Et c’est ce soir là, en rentrant dans le bateau, qu’ils m’ont conçu. Alors je vous offre l’argent nécessaire pour restaurer ce théâtre. » Le Théâtre du Gymnase est restauré, et au moment de l’inauguration, pour faire plaisir à ce mécène, on remonte La dame aux camélias !
Armand Hammer assiste au spectacle, et avant de reprendre son avion pour New York, il dit : « Je me demande comment on peut avoir envie de faire l’amour après avoir vu une pièce comme celle là… »
Cette histoire est une belle parabole sur la place de l’art dans nos vies, sur la place que peut prendre un théâtre dans une ville et dans le monde.
À partir de cette histoire commence la fable que j’écris.
Le théâtre, sauvé de la destruction, est confié à un passionné d’art qui en prend la direction et qui y invente une aventure hors du commun.
Le théâtre est à la fois une maison et une salle de spectacle, et les soirées sont des mosaïques de moments inattendus, qui naviguent entre les rires et l’émerveillement.
C’est une sorte de cabaret, ouvert tous les jours.
On ne sait jamais à l’avance ce que l’on va voir.
Un cabaret, ça ressemble à un carnaval. On assiste à des choses extraordinaires, toutes les classes sociales se rencontrent et se mélangent, la place du corps y est centrale.
Ce cabaret dresse un portrait des grandes villes, où une nouvelle vie s’invente, avec un métissage jamais connu dans l’histoire de l’humanité, une fantaisie qui nous enivre et nous surpasse, où se croisent des gens venus des quatre coins du monde, détachés de leurs toiles de fond : espagnols sans Espagne, chinois sans chine, paysans sans terre, marins sans bateau.
Ce directeur rêve d’un théâtre d’apparitions et de rencontres.
Dans le monde d’aujourd’hui, les gens se sentent exclus de l’histoire, et ils ont un besoin vital de se rassembler, de se rencontrer.
Son théâtre est ouvert à tout le monde, aux présents et aux absents.
Les absents ne viennent pas s’asseoir dans la salle, ils entrent sur scène, ils viennent nous dire pourquoi ils ne sont pas là, qu’est ce qui les retient, pourquoi ils ont envie de nous parler, de témoigner : des gens du quartier, l’ouvreuse qui avait ouvert le théâtre aux parents de Armand Hammer, des navigateurs qui traversent l’atlantique, des migrants sur des barques clandestines, des prisonniers enfermés dans des cellules, des habitants de Los Alcasares, Tanger, Islamabad, Cracovie, Surabaya.
Leurs entrées sur scène sont comme des numéros de cabaret, elles en ont le scintillement et la magie.
Les artistes présentent des textes, des chansons, des danses, des numéros, mais aussi des personnages de théâtre détachés de leurs histoires.
Quand le roi Lear en a eu assez d’être trahi par ses filles et de devenir fou, il quitte la pièce de Shakespeare, et il peut rencontrer Oncle Vania ou Antigone. Dans ce cabaret, il y a un métissage des personnes, des œuvres et des pensées.
François Cervantes
Le Cabaret des absents
Texte et mise en scène François Cervantes
Avec Théo Chédeville, Louise Chevillotte, Emmanuel Dariès, Catherine Germain, Sipan Mouradian, Sélim Zahrani
Création son et régie générale Xavier Brousse
Création lumière Pierre Jacot-Descombes
Régie lumière Bertrand Mazoyer
Création costumes, masques et perruques Virginie Breger
Construction Cyril Moulinié
Production L’entreprise
Coproductions Les Théâtres – Gymnase-Bernardines, Marseille – MC2 : Grenoble – Le Domaine d’O, Montpellier – Le Pôle des Arts de la Scène, Friche La Belle de Mai, Marseille
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Partenaires de production SCIC – Friche La Belle de Mai
Avec le soutien de Ministère de la Culture – DRAC PACA, Conseil Régional SUD – Provence Alpes Côte d’Azur, Conseil Départemental des Bouches du Rhône, Ville de MarseilleTOURNÉE
29 janvier 2021 : Théâtre de Grasse
11 février 2021 : Le Carré, Scène nationale de Château-Gontier
25 février 2021 : Théâtre Edwige Feuillère, Vesoul
3-4-5 mars 2021 : MC2 – Grenoble
9 mars 2021 : La Garance, Scène nationale de Cavaillon
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